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UN AUTRE REGARD POUR PENSER L'ÉCONOMIE
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L'ÉLOGE DE LA VARIETE REQUISE
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Bonjour, je suis économiste, iconoclaste, ne pratique pas l'orthodoxie. Je suis surtout une terrienne, passionnée de liberté et j'aime trop la Vie pour croire n'importe quoi. C'est parce que je suis tout cela et plus que je désire partager dans cet espace convivial (la grande relève) qui est bien plus que du papier et de l'encre, qui est la foi et l'enthousiasme de quelques uns, trois clins d'oeils et certains faits sur ceux-là même qui » fabriquent » de la science économique, et s'approprient la responsabilité de l'économie au nom de leur gai savoir.
Quand je suis seule sur ma route à humer l'air sauvage en pensant mes idées à la cadence de mes pas, elles vibrent et chantent en résonnant dans l'espace, chatoyantes et espiègles. Elles sont alors si belles, là, à fleur de peau, dans cet éclat d'intimité avec les éléments et le cosmos...Et puis, le crayon, la feuille blanche, et soudain tout est gris, comme si la vie s'était éteinte, derrière les mots, plus un échos. Ha, qu'ils sont étroits, soudain ces mots, quand ils se couchent sagement en ligne, l'un après l'autre sur la même ligne, tout desséchés d'être épurés pour faire plus vrai. Comment parler en terme de chiffres trop acérés, dégénérés, de ce qui est vie, souffle ondoyant, gonflé d'envies, vallées de larmes ou cris d'espoir. La vie est une lorsqu'elle est homme, dans chaque cellule crée l'unité. C'est ce même homme qui ressent et pense, cherche et se perd, désire et craint, travaille et souffre, aime et oublie, tisse et détruit...Comme un oiseau fou de liberté, l'idée en cage se désenchante, et le savoir devient morose.
Savoir...!... Ou bien con-naître. Que de fausses idées entourent ce mot, camouflant combien de peurs. Tout le rationnel du monde ( lui même si fluctuant sur le fil ténu du temps), ni les méthodes les plus exactes (par rapport à quoi, d?ailleurs) ne peuvent créer le discernement, car celui-là relève du coeur, nous permettant de voir ce qui est juste. Seuls les faits sont « objectifs », et encore, le découpage et la description d'un fait sont le reflet de notre perception, inconsciemment programmée par notre histoire sensible, irrémédiablement subjective et polarisée. Elle s'enracine au plus intime de nous-mêmes, façonnée par notre vécu, elle est échos de nos croyances et au-delà, de notre sens. De plus, la construction mentale nommée « savoir », n'est pas photographique, ni même analogique. Elle est en fait un enchaînement à l'infini de croyances s'emboîtant l'une dans l'autre comme des poupées gigognes. Une croyance est le lien mental qui permet de relier plusieurs faits en leur donnant du sens, et ce sens est totalement subjectif, même s'il fait l'objet d'un concensus. Une croyance collective est un ensemble de subjectivitées en résonnance mutuelle. Et quand bien même existerait dans un espace hypothétique, un univers d'idées matrices ( la vérité platonicienne), c'est nos cerveaux liés à nos sens qui les accueille et les transforme en y projetant ses propres limites, ses angles morts, ses distorsions. Et puis l'amour de la vérité souvent prend un goût de pouvoir, et devient copyright. C'est si facile d'omettre ou de sélectionner, pour ne pas déranger convictions et intérêts... Croire est affaire de séduction, ou de foi, ou d'amour, mais pas de raison (celui qui croit à la raison comme seul critère de sagesse craint justement tout les non-dit, les cicatrices de son enfance et fait un choix psychologique). C'est par l'usage et l'expérience au coeur de la vie qu'on affûte ses outils. Ne survit à la conceptualisation que ce qui a de solides racines, profondément encrées dans une terre riche et bien drainée.
Nos croyances créent l'avenir, celui qui demain sera le réel, analysable et codifiable selon les normes économiques en vigueur. Nos croyances créent le futur car elles pilotent tout nos choix inconscients, et donc nos actes et notre réflexion. Elles tissent nos désirs et nos peurs, ces croyances, dans ce creuset si mystérieux qu'est l'inconscient. Nous le savons tous , loin quelque part, dissimulé derrière l'enfance, que ce sont nos rêves qui créent des ailes à nos pensées, ces germes d'actes qui ne demandent qu'à faire un nouveau monde avec l'ancien.
Non, je ne m'égare pas. A travers ces propos peu familiers, habituellement exclus et « hors propos » pour discourir d'économie, je suis même en plein coeur du sujet. Cette facette de nos vies, la vie économique, cadrée et recadrée à grands coups d'abstraction par deux générations d'universitaires galonnés, ne devient intelligible que remise à sa place : dans l'humain. C'est à travers chacun de nous que s'invente la vie matérielle, indissociable de notre globalité. C'est là, nulle part ailleurs, que tout amorce de choix, économique ou politique, mais par essence relationnel et symbolique, s'enracine et prend forme. Comprendre l'individu, son besoin vital de se créer du sens et de sentir relié à d'autres, respecter son unité et sa complexité, c'est se donner les meilleures clés pour développer une réflexion sociale sur des bases saines. Ce que les grandes firmes et les politiciens ont bien compris et exploitent fort bien, à notre insu. Et puis après, qui dit science dit méthode, ou protocoles et consensus. Nous sommes nombreux à vouloir autre chose que l'étroitesse de la science officielle, à espérer ces nouveaux paradigmes qui , quand ils sortent, ont un fort goût de déjà vu. Et pour cause, le vrai problème ne serait-il pas cognitif ? Nous cheminons, bonne an, mal an, vers plus d'unité, en soi et hors de soi : toute connaissance individuelle étant par essence limitée et subjective (même quand elle se glisse derrière des chiffres), toute réflexion d'ordre collectif est nécessairement un collectif de réflexions. Oublier la diversité, nier la complexité et l'inter dépendance, surtout pour construire nos connaissances, peut mener au désastre, sous forme de dogmatismes ou de pensées uniques, obsessions hypnotiques créant clivages et exclusions, et destruction d'intelligence. Les effets sur le concret sont tout aussi concrets. Notre production, et bientôt notre monde ressemblent de plus en plus à l'univers Celluloïd et chaotique du meilleur des mondes.
Depuis que la science économique est devenu pensée unique avec un air de religion, ses papes, ses prêtres et son église, le moindre écrit se voulant scientifique expose l'auteur à se débattre, à se défendre au mot à mot, se justifier et s'incliner. Les pires sottises peuvent être écrites, plébiscitées et publiées, à condition d'être dans la ligne et enrobées de références aussi nombreuses que savantes, çà impressionne et sélectionne. Ou est la recherche, derrière tout cela ? Le maître mot est conformisme. On ne cherche plus, on défend son pouvoir, son amour-propre, et plus encore. Que sont ces pensées devenues, insolentes et géniales, qui donnaient des ailes à nos discussions et nous faisaient aimer nos maîtres. La recherche est une histoire d'amour, entre soi et cette autre chose, un peu en marge, en porte à faut, qui vous bouscule et vous rudoie pour faire grandir...
Que voulez vous trouver sans désir d'étonnement, d'émerveillement ? Nous, collectif de personnes, nous accouchons d'une société image fidèle de nos pensées, nourries de nos peurs, de nos rêves brisés, de nos frustrations, de nos racismes, de notre ignorance , de nos refoulements... C'est tout cela aussi qui se donne à lire dans le miroir qu'est notre économie. On sait compter pour posséder, mais on oublie d'apprendre à lire. La beauté, l'enchantement et les couleurs vibrantes de vie, çà se dit, çà se regarde, çà se partage, mais çà ne se compte pas, ou alors çà ne compte plus. Comme quoi la science économique/écologique est une affaire très spirituelle, et est l'affaire de tous.
PS. Cherche contact avec personnes partageant des idées semblables et désirant créer un groupe de recherche et d'échange sur le thème d'une économie centrée sur l'écologie et la joie de vivre, la liberté et le respect de la vie. Écrire au journal qui transmettra.
Publié dans "La Grande Relève"
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