La Complainte d'l'Enfant Cinq
HELLO !

J' m'appelle Zoé, j'suis une partie d'Laurence, just' une partie, eeeeh oui, j' sais bien, mais une partie tellement spéciale, eeeet... très secrète, ah ah ah !

Eh oui, voilà, eh bien ....

c'est que (hhh) j'suis pas « normale », moi, pas comme les autres, les gens « bien », qui pensent « juste », quoi (ptit silence). J'crois qu'tu vois, hein ?! Eh! c?est lourd, y'a des jours, à traîner tous ces r'gards qui t'polluent et t'transpercent, et te poussent à s'coller bien dans l'ombre pour qu'y t'laissent un peu d'paix ......

Eh bien oui, c'est que moi, d'puis toute p'tite, j'grandis pas ! j'suis restée toute petite, toute en d'dans, rien dehors, comme un fil qui s'rait blanc, tellement fine que quand j'glisse de profil, j'deviens toute invisible. Ahh c'est triste là dehors, ah c'est triste comme y'm'voient, eux là-bas, qui « pensent » droit, c'est c'qu'y disent . Ah c'est drôle, tellement drôle, du dedans, d'être comme j'suis et d'glisser comme une feuille là où j'veux, c'est magique ....... Y'a pas d' espace dont j'n'ai une clé pour j'tter un oeil !

Mais c'que j'préfère, c'est les mystères, oh oui tu sais, cet espace qu'est bien plus grand qu'nos ptits cerveaux même tous ensembles, et tout à fait pas prévisible, ah ah ah, des grands pieds'd'nez aux pensées droites . C'est mes amis, tous ces mystères et ces secrets, ils m'émerveillent comme ces lumières, p'tits bouts d'étoiles, qu'on sait même pas d'où c'est qu'elles viennent, et qui s'envolent si haut là-haut, et tracent fièrement leurs noms dans l'ciel . Parc'que j'vais t'dire, moi toute p'tite, eh bien tu sais, c'est les mystères qui font grandir ! Les gens qui croient qu'tout est fini : un nom, une chose, un nom, une chose, et qu'tout est là, dans leur p'tite tête, d'vant leurs p'tits yeux, dans leur p'tit monde tout rabougris, ah que j'les plains, ah comme c'est triste d'être aussi sec, si tôt si bêtes, et d'oublier c'que c'est d'penser ! C'est qu'y zont peurr, peurr de se perrdre, loin d'leurs jardins p'tits comme une poche, où zont grandis, ah çà oui, entre les « tais-toi » et « fais pas çà » et « tu sais pas » « t'ais qu'un enfant » et « moi je sais puisque j'suis grrand »......

Et moi, tu vois, j'ai pas grandis, mais j'ai r'gardé de tous mes yeux et mes oreilles, et j'ai r'gardé jusqu'à plus soif comme y z'y font pour faire des noeuds dans leur p'tite tête, comme y s'y croient intelligents, juste parc'qu'y parlent plus fort que toi, et qu'y se perchent plus haut que toi . Et j'leur disais, juste pour qu'y m'laissent un moment d'paix : »mais oui, mais oui ». Puis d'un coup d'tête, j'vidais ma tête de tous ces mots qui t'piquent et t'brûlent, et j'm'en allais penser pour moi, toute à l'abris de mon profil qu'on voyait pas .....

Eh bien, tu sais, y'a que comme çà qu'on gard'sa tête et qu'on rest'libre . On pousse des ailes grandes comme des mondes et on s'envole d'un monde à l'autre, Dieu comme c?est beau, d'y voir d'en haut .

Et ton billet pour un voyage imaginaire, Mr Jocker? J'l'ai pas perdu, ne t'en fais pas, oui j'l'ai donné à une pensée qu'j'ai rencontrée just'ce matin, là d'vant chez moi. Sc'était perdue, la pauv'pensée, et elle pleurait tout c'qu'elle pouvait, tout c'qu'elle savait, loin d'son penseur. Ah qu'c'est léger d' perdre ses pensées quand on les aime, eh puis si belles..... C'lui qu'a fait çà?! c'est qu'il est mal, et même très mal, c'grand inconscient, avec ses ch'veux comme un balai, d'un noir de jais, et ses grands yeux qui mangent ton r'gard tellement qu'y zont b'soin d'toi, qu' tu les r'garde droit. Et y'a d'la braise, dans ces yeux là !

Et ton billet, Mr Jocker, j'lui ai donné à sa pensée, c'est pour qu'y r'trouve où est sa voie, un p'tit chemin avec des fleurs, et du vent tiède et du soleil, un p'tit bout d'route vers de l'espoir. Et ton billet, Mr Jocker, y va créer une grand'surprise !

C'est bien d'rêver, quand ya plus rien, rien que des larmes qui froissent le vide et que tu gardes tout près de toi pour qu'y't fassent chaux où c'est trop froid.

C'est que des questions mais...

Salut tout le monde, euh...

eh bien?. Voilà ! C'est qu' y'a, vous savez p'têtre, y'a une de t'ces créativité, mais alors fabuleuse, dans c'qu'on appelle de la « folie », ou c'qu'autres y disent « maladie du mental »

ahh ! J'sais, ah c'est pas simple, à faire comprendre, eh parc'que les gens, eh bien y voient que c'que l'mental y peut créer. L'pauv inconscient, lui y crée rien, qu'eux y te l'disent.

Ahh si seul'ment y'savaient eux bien y r'garder, oui bien au'd'là de c'qui zy voient , ou c'qu'est y pensent à soi ! Eh si, z'avaient moins peur d'l'atroce souffrance qu'c'est aussi, la « folie », mais quelle l'çon d'vie, pour zeux tous, beau sacrifice pour c'lui qui l'vit, d'leur laisser voir l'génie d'la vie ! Et Y'a tellement, mais alors tellement à y apprendre, là, dans c'qu'est tout triste ou bien trop noir, à découvrir sur c'que c'est qu'la Vie, oui la Vraie Vie, quand on c'le donne, le mal, pardon l'effort d'y r'garder avec d'autres yeux, alors on voit que la « folie » c'est du génie à l'état brut, qu'c'est une géniale adaptation pleine d'enseignements, une drôle d'réponse de la grand'Vie à un milieu tout détraqué, raide invivable, solide toxique et fier de l'être... C'est un appel à la grand'Vie, un gros clin d'l'oiel, et qui s'joue biend'nos p'tites limites, qui s'passe sans mots d'nos kilos d'mots...et qui dérange s'qui s'enkilose dans la nécrose des bons principes, ah ah ah ! Elle qui trop t'pose les Vraies questions et fors'les portes, même quand çà grince, et puis çà grince, et même q'çà crie, ah moi j'vous l'dis.........

En fait, j'vous d'mande : »c'est quoi, dis-moi, d' être un normal? », un « norme-osé ? », ahh oui c'est çà, c'est être aux normes, mais celles de qui, dis-moi au faîte ?...

En fait, j'vous d'mande, et si la vie, elle a besoin de tout d'chacun, eh oui, des fous, et des ch'tarbés, et des curieux, des ex-centriques, des empêcheurs d'tourner carré, et des bizzarres, et d'tous les zautres aussi, les p'tits, les grands, et les peureux, les comfort-mistes, les ambitieux, les pisse-vinaigre, les pernicieux, les possessifs, les étouffeurs, les affamés, et les blasés, les mensongeurs, les atablés, et tous'c qui pensent, ou pas tout bas.
En fait, c'est p'têtre un peu comme l' arc d'en l'ciel, on fait d?la lumière blanche avec tout'les couleurs.... mais faut voir large, vraiment très large, écarquiller ses yeux et ses oreilles, et oublier just'le temps d' y voir, tout ses jug'ments, pour connecter ce qui dérange et voir passer comme un éclair les jets d'lumière qui comme une danse dessinent le sens de cet'folie.

ZOE

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