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HELLO !
J' m'appelle Zoé, j'suis une partie d'Laurence, just' une partie, eeeeh oui, j' sais bien, mais une partie tellement spéciale, eeeet... très secrète, ah ah ah !
Eh oui, voilà, eh bien ....
c'est que (hhh) j'suis pas « normale », moi, pas comme les autres, les gens « bien », qui pensent « juste », quoi (ptit silence). J'crois qu'tu vois, hein ?! Eh! c?est lourd, y'a des jours, à traîner tous ces r'gards qui t'polluent et t'transpercent, et te poussent à s'coller bien dans l'ombre pour qu'y t'laissent un peu d'paix ......
Eh bien oui, c'est que moi, d'puis toute p'tite, j'grandis pas ! j'suis restée toute petite, toute en d'dans, rien dehors, comme un fil qui s'rait blanc, tellement fine que quand j'glisse de profil, j'deviens toute invisible. Ahh c'est triste là dehors, ah c'est triste comme y'm'voient, eux là-bas, qui « pensent » droit, c'est c'qu'y disent . Ah c'est drôle, tellement drôle, du dedans, d'être comme j'suis et d'glisser comme une feuille là où j'veux, c'est magique ....... Y'a pas d' espace dont j'n'ai une clé pour j'tter un oeil !
Mais c'que j'préfère, c'est les mystères, oh oui tu sais, cet espace qu'est bien plus grand qu'nos ptits cerveaux même tous ensembles, et tout à fait pas prévisible, ah ah ah, des grands pieds'd'nez aux pensées droites . C'est mes amis, tous ces mystères et ces secrets, ils m'émerveillent comme ces lumières, p'tits bouts d'étoiles, qu'on sait même pas d'où c'est qu'elles viennent, et qui s'envolent si haut là-haut, et tracent fièrement leurs noms dans l'ciel . Parc'que j'vais t'dire, moi toute p'tite, eh bien tu sais, c'est les mystères qui font grandir ! Les gens qui croient qu'tout est fini : un nom, une chose, un nom, une chose, et qu'tout est là, dans leur p'tite tête, d'vant leurs p'tits yeux, dans leur p'tit monde tout rabougris, ah que j'les plains, ah comme c'est triste d'être aussi sec, si tôt si bêtes, et d'oublier c'que c'est d'penser ! C'est qu'y zont peurr, peurr de se perrdre, loin d'leurs jardins p'tits comme une poche, où zont grandis, ah çà oui, entre les « tais-toi » et « fais pas çà » et « tu sais pas » « t'ais qu'un enfant » et « moi je sais puisque j'suis grrand »......
Et moi, tu vois, j'ai pas grandis, mais j'ai r'gardé de tous mes yeux et mes oreilles, et j'ai r'gardé jusqu'à plus soif comme y z'y font pour faire des noeuds dans leur p'tite tête, comme y s'y croient intelligents, juste parc'qu'y parlent plus fort que toi, et qu'y se perchent plus haut que toi . Et j'leur disais, juste pour qu'y m'laissent un moment d'paix : »mais oui, mais oui ». Puis d'un coup d'tête, j'vidais ma tête de tous ces mots qui t'piquent et t'brûlent, et j'm'en allais penser pour moi, toute à l'abris de mon profil qu'on voyait pas .....
Eh bien, tu sais, y'a que comme çà qu'on gard'sa tête et qu'on rest'libre . On pousse des ailes grandes comme des mondes et on s'envole d'un monde à l'autre, Dieu comme c?est beau, d'y voir d'en haut .
Et ton billet pour un voyage imaginaire, Mr Jocker? J'l'ai pas perdu, ne t'en fais pas, oui j'l'ai donné à une pensée qu'j'ai rencontrée just'ce matin, là d'vant chez moi. Sc'était perdue, la pauv'pensée, et elle pleurait tout c'qu'elle pouvait, tout c'qu'elle savait, loin d'son penseur. Ah qu'c'est léger d' perdre ses pensées quand on les aime, eh puis si belles..... C'lui qu'a fait çà?! c'est qu'il est mal, et même très mal, c'grand inconscient, avec ses ch'veux comme un balai, d'un noir de jais, et ses grands yeux qui mangent ton r'gard tellement qu'y zont b'soin d'toi, qu' tu les r'garde droit. Et y'a d'la braise, dans ces yeux là !
Et ton billet, Mr Jocker, j'lui ai donné à sa pensée, c'est pour qu'y r'trouve où est sa voie, un p'tit chemin avec des fleurs, et du vent tiède et du soleil, un p'tit bout d'route vers de l'espoir. Et ton billet, Mr Jocker, y va créer une grand'surprise !
C'est bien d'rêver, quand ya plus rien, rien que des larmes qui froissent le vide et que tu gardes tout près de toi pour qu'y't fassent chaux où c'est trop froid.
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